Projet URBHEALTH

Enjeux : Si la qualité de l'air en France s'améliore progressivement selon les indicateurs actuels, la nature des polluants évolue. La majorité de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique est attribuée aux particules, dont les concentrations sont encore bien supérieures en zone urbaine aux seuils recommandés par l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS). Cependant, il existe différents types de particules (i.e de natures chimiques différentes), liées à différentes sources et de toxicités variables. Le potentiel oxydant est une métrique qui pourrait permettre de mieux quantifier les impacts sanitaires des particules en tenant justement compte de ces différences de sources et typologie de particules. Les réglementations en vigueur ne prennent pas en compte des polluants émergents considérés comme «prioritaires» par l’OMS depuis 2021 (dont le carbone suie et les particules ultrafines). Or dans les environnements urbains, de forts gradients spatiaux sont observés pour ces polluants, engendrant des questionnements sur les conséquences sanitaires qui en résultent et les inégalités de santé associées. Objectifs : Caractériser les influences sur la santé des hétérogénéités spatiales des multi-polluants en zone urbaine, en intégrant une dimension socio-démographique et une notion de justice sociale de la pollution atmosphérique. Les polluants réglementés, ainsi que les polluants émergents et le potentiel oxydant seront pris en compte. Cette recherche permettra de mieux évaluer les sources de polluants à réduire pour diminuer l’impact sanitaire, et d’identifier les zones géographiques et les populations les plus exposées et les plus vulnérables. Des scénarios prospectifs visant des objectifs sanitaires ambitieux intégrant la notion de justice environnementale et déterminés en amont par les parties prenantes seront élaborés et étudiés de manière à évaluer les mesures sectorielles permettant de les atteindre. Pour chacun des scénarios, une analyse coût-bénéfice sera déployée prenant en compte les coûts sanitaires de la pollution ainsi que d’autres externalités, mais également les bénéfices sanitaires de la mobilité active. Les coûts nécessaires au déploiement et au développement des mesures pour l'ensemble des acteurs (collectivités locales, ménages, etc.) seront inclus. Méthodologie : Un système numérique multi-échelle innovant permettra de modéliser les concentrations dans l’air ambiant de l’ensemble des polluants et du potentiel oxydant sur la région parisienne avec une représentation des gradients urbains jusqu’à l’échelle de la rue et pour des périodes de temps longues compatibles avec l’analyse des impacts sanitaires. Ces simulations seront combinées avec un modèle d’exposition qui permettra de prendre en compte la mobilité des individus ainsi que le temps passé dans les environnements intérieurs. Les échanges air intérieur/extérieur seront caractérisés sur la base de ratios de concentration entre l’air intérieur et extérieur établis pour le parc des logements de la région Ile-de-France. Les données de pollution à fine échelle seront appariées avec les données de santé à l’échelle de la rue. Les indicateurs d’impacts sur la santé se baseront sur deux types de données différentes, des données issues d’une large cohorte en population générale (CONSTANCES), et des données institutionnelles. Toutes les études incluront des analyses d’interaction, ou stratifiées, selon les variables socio-démographiques (âge, sexe, niveau d’éducation, statut socio-économique) afin de contribuer à documenter ou générer des hypothèses sur les inégalités sociales de santé. La chaîne de modélisation pluridisciplinaire sera déployée pour dimensionner les mesures permettant d'atteindre des objectifs sanitaires prédéterminés.